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IS énigme du Grand Maître #5
Guy de Lusignan et l’ordre des Templiers
Le mystère des grands maîtres et la succession troublée
L’Énigme du Grand Maître persiste autour de Guy de Lusignan et son rôle au sein de l’ordre des Templiers. Arnau de Torroja, grand maître du Temple élu en 1180, joue un rôle clé dans la tentative de stabilisation des tensions entre Templiers et Hospitaliers. Toutefois, sa mort en 1184 ouvre une période de grande confusion. Jean de Terric, parfois mentionné comme un grand maître temporaire, aurait assuré une transition floue, bien que son rôle demeure incertain. Cependant, des documents anciens laissent entendre que Jean de Terric aurait manœuvré pour placer Guy de Lusignan sur le trône de Jérusalem, exploitant la faiblesse du royaume après la mort de Baudouin IV.
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Gérard de Ridefort et Guy de Lusignan : un duo controversé
Le rôle de Ridefort dans la chute du Temple
C’est ainsi que Gérard de Ridefort, élu officiellement grand maître en 1185, devient rapidement l’élément central de cette période de déclin. Son soutien inconditionnel à Guy de Lusignan et son opposition farouche à Raymond III précipitent des décisions militaires désastreuses, notamment la bataille de Hattin en 1187. Cette défaite humiliante conduit à la capture de Guy et à la perte de Jérusalem, marquant un tournant tragique pour les États latins.
Le rôle suspect de Guy après la mort de Ridefort
Capturé par Saladin, Gérard de Ridefort est mystérieusement épargné à deux reprises, probablement en échange de concessions financières ou territoriales de l’ordre. Sa mort en 1189 au siège d’Acre laisse l’ordre dans un vide de pouvoir persistant, jusqu’à l’élection de Robert de Sablé en 1191.
Durant cet intervalle de près d’un an et demi, certaines sources avancent l’hypothèse que Guy de Lusignan aurait pu occuper un rôle de grand maître intérimaire de l’ordre du Temple, notamment après son acquisition de Chypre. Cette île, qui allait devenir un bastion templier jusqu’à la fin de l’ordre, aurait ainsi servi de base politique et militaire pour Guy, renforçant les spéculations sur un contrôle discret de l’ordre.
L’ambiguïté autour de Chypre : deux versions historiques
Version 1 : Un achat auprès des Templiers
Certains récits indiquent que les Templiers auraient acquis Chypre à Richard Cœur de Lion en 1191, après la conquête de l’île face à Isaac Comnène. Faute de pouvoir gérer les révoltes locales, ils auraient revendu l’île huit mois plus tard à Guy de Lusignan, soulignant un rôle d’intermédiaire politique de l’ordre.
Version 2 : Vente directe par Richard Cœur de Lion
D’autres sources plus largement acceptées indiquent que Richard aurait vendu directement Chypre à Guy pour cent ducats d’or. Ce dernier, faute de moyens suffisants, aurait contracté une lourde dette auprès des Génois pour finaliser l’achat.
Quelle que soit la version, l’acquisition de Chypre par Guy semble motivée par une volonté de restaurer son influence politique après la perte du royaume de Jérusalem. Toutefois, cette transaction laisse planer l’ombre d’un soutien discret de l’ordre du Temple, certains avançant que Guy aurait brièvement occupé un rôle de précepteur temporaire après la mort de Ridefort, dans la continuité du complot amorcé par Jean de Terric.
Un pouvoir fragile et contesté
Malgré l’achat de Chypre, le règne de Guy de Lusignan demeure fragile. Pour asseoir son autorité, il distribue 300 fiefs à des chevaliers chypriotes et 200 propriétés à des Turcoples, tout en accueillant des populations chrétiennes dépossédées par Saladin. Cependant, son titre de roi ne sera jamais officiellement reconnu. C’est son frère Amaury qui, après la mort de Guy en 1194, consolidera réellement le royaume en obtenant la reconnaissance papale et impériale en 1197.
Le rôle de Ridefort et la loyauté douteuse
Gérard de Ridefort est souvent perçu comme le mauvais génie du Temple, manipulant l’ordre pour ses propres ambitions. Son influence sur Guy de Lusignan, qu’il pousse au trône, et son entêtement à affronter Saladin malgré des avertissements répétés, font de lui un acteur central des désastres militaires de cette période. Sa libération suspecte par Saladin et son implication dans des tractations secrètes renforcent l’image d’un maître manipulateur et imprudent.
Conclusion : une histoire de pouvoir et de manipulations
L’ordre du Temple et le royaume de Jérusalem ont traversé à la fin du XIIe siècle une période marquée par des luttes de pouvoir, des figures controversées et des décisions stratégiques hasardeuses. Guy de Lusignan et Gérard de Ridefort apparaissent comme des acteurs clés de ce déclin, entourés de figures plus discrètes mais tout aussi influentes, comme Arnau de Torroja et Jean de Terric. Ce dernier, dont le rôle dans le complot pour l’accession de Guy au trône reste sujet à débat, incarne la complexité des jeux de pouvoir au sein de l’ordre du Temple. La confusion autour de la succession des grands maîtres et les décisions militaires précipitées continuent d’alimenter les débats historiques, témoignant de la complexité politique de cette époque troublée.
Découvrez l’énigme du Grand Maître.
Sources bibliographiques :
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Blin, Arnaud. Hattîn 4 juillet 1187, Perrin, 2016.
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de Vasselot de Régné, Clément. Guy de Lusignan : pouvoir et récits du règne entre Occident, Orient latin et Chypre, Colloque CESCM/Stanford, 2019.
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Mas Latrie, Histoire de l’île de Chypre.
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Mansuet, Claude. Récits de l’histoire franque en Chypre, 1789.
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Averoff, Michelle. Récits de l’histoire franque en Chypre. In: Bulletin de l’Association Guillaume Budé, n°2, juin 1969, pp. 229-255.
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Alard, Michel. Croisades et Orient latin, XIème-XIVème siècle, Paris, 2001, éd. A. Colin, 272 p. (coll. « U histoire »).
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Actes du colloque « Les Lusignans et l’outre-mer », Poitiers-Lusignan, 20-24 octobre 1993, Poitiers, 1996, 323 p.
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Demurger, Alain. Gérard de Ridefort, le mauvais génie du Temple, dans Les Templiers, une chevalerie chrétienne au Moyen Âge, Paris, Seuil, coll. « Points Histoire », 2008. ?
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